Le génial terrain de jeu de la page blanche

Comment dépasser ses blocages d'écriture ? 6 idées pour s'inspirer et faire un pas de côté

L'idée est là. "J'ai commencé à écrire une super histoire. J'imagine déjà à quoi ça pourrait ressembler... Allez, je me lance et vous me direz ce que vous en pensez." Voilà ce que me dit V., autrice hyper motivée qui s'emballe et me promet de m'envoyer un premier brouillon "au plus vite". Je partage son excitation, comme toujours quand les idées fusent ! Alors d'accord, on fera un point mardi prochain.

Lundi soir. Message de V. : "Je suis bloquée. J'ai passé le weekend devant mon écran. Rien. Tout sonne faux, rien n'est beau. On annule le point de demain."

Alors, c'est foutu ? L'idée géniale, à la poubelle ? Serait-ce la fin des haricots ?

Rassurez-vous, cette situation est loin d'être unique et surtout, il existe de nombreuses méthodes, de la plus classique à la plus farfelue, pour donner un coup de boost à votre plume.

Que vous soyez un·e écrivain·e ultra célèbre ou que vous veniez à peine de vous acheter votre premier carnet d'écriture, il arrive parfois (souvent ? toujours ?) qu'au moment de se mettre à écrire… ce soit la douche froide. L’écart entre ce que vous aviez en tête et ce qui apparaît sur votre feuille est immense. Pour les un·es, c'est la page blanche Word au curseur qui clignote sans fin, pour les autres, les 6 feuillets arrachés, mis en boule et jetés de l'autre côté de la pièce avec rage - quitte à galérer, autant être au maximum du cliché mélodramatique.

Voici quelques astuces pour booster votre cerveau, et relancer la machine :

1 - Pensez à tout, sauf à votre bouquin

Rester face à son écran pour se forcer à trouver l’inspiration ne vous apportera que frustration, dépréciation de soi et spirale de désespoir (mélodramatique, on a dit !). Les études le montrent : la dopamine et la sérotonine (les hormones du plaisir et du bonheur) sont de puissants activateurs cérébraux, et peuvent vous faire déplacer des montagnes - ou même vous motiver à aller butiner, si vous êtes une abeille. Alors, autorisez-vous une sieste, un massage, un sandwich fromage-noix de cajou-banane - riche en acides aminés, mais probablement parfaitement atroce - hydratez-vous, sortez, bougez, voyez vos amis, bref ! Changer d’air vous fera d’autant plus de bien que l’inspiration arrive souvent en se confrontant au monde extérieur.

2 - Découpez le problème

Parfois, la montagne à gravir tient au fait que l’on veut tout écrire, tout de suite. L'astuce : faites un plan. Pas très glamour comme idée ? Mais ça marche. Établissez un plan, sous la forme que vous voulez. Liste, dessin, schéma, carte mentale, rien qui ne nécessite de rédiger quoi que ce soit. Pourvu que vous ayez, comme moi, un mode de réflexion plutôt visuel, vous y trouverez votre compte : vos idées sont enfin posées, dégageant votre cerveau du poids de ne surtout rien oublier. Cela vous permet aussi d’aller plus loin dans votre développement : prenons l’exemple de la carte mentale, celle que j’utilise le plus souvent avec mes client·es.

Cette technique vous permet d’isoler chaque composante de votre projet. Personnages, relations, lieux, tout y passe ; c’est un bon moyen de visualiser où sont les coins fertiles de votre histoire, et ceux qu’il faudrait développer un peu plus : il vous sautera aux yeux qu’un personnage qui a 10 branches autour de lui a déjà un riche contexte, tandis qu’un personnage qui n’en a qu’une risque de manquer d’épaisseur, ou même de raison d’être. C’est une technique que je propose généralement au début et à la fin du travail de rédaction, car elle permet de définir un plan de route mais aussi de vérifier, en fin d’écriture, la profondeur de chaque pan de votre histoire.

3 - Isolez un élément

Plutôt que de partir dans tous les sens, focalisez-vous sur un morceau. Le défi ? Écrire une page. Choisissons par exemple un lieu de l’action de votre roman. Ne lésinez sur aucun détail : cette plage sur laquelle vos personnages se rencontrent pour la première fois, est-elle de sable ou de galets ? Sent-elle les embruns ou le poisson mort ? Est-elle déserte ? Que voit-on à l’horizon ? En vous conçentrant sur une seule chose (un décor, un personnage, un élément important du récit), vous lancez la machine. Même si vous n’utiliserez sûrement pas tout ce texte dans la version finale de votre livre, ce n’est pas du temps perdu - au contraire. L’objectif est simple : plonger dans votre récit, peu importe par quel plongeoir.

4 - Lancez-vous dans un Mikado

Un dérivé du point numéro 2, plus chaotique mais qui a fait ses preuves. Balancez toutes vos idées, une par une, sans ordre d’importance ni recherche de cohérence. Quand vous êtes épuisé·e, prenez votre feuille et essayez de tirer les fils du récit. Cherchez les liens, associez les idées, reliez tout ce qui fait sens et laissez mariner. Après une petite pause café, revenez sur vos notes et prenez du recul. En ne filtrant rien au départ, vous aurez le loisir de remarquer que oui, votre inspiration est bien là. Pour le moment, elle ressemble à une énorme toile d’araignée mutante, mais elle est là.

L’étape suivante dépend de votre mode de fonctionnement : vous pouvez utiliser ces notes et les arranger pour en faire un plan, ou tenter d’écrire un premier jet à partir d’un élément porteur. Cette technique sert en priorité à faire réaliser à celles et ceux qui maudissent “leur esprit vide” dès lors qu’il est question d’écrire : vous voyez bien que c’est tout le contraire !

5 - Sortez du cadre

Cette technique prend le contrepied de l’idée que chaque mot écrit doit être utile et intégré à votre histoire. Si vous n’avez pas d’inspiration, mettez de côté votre texte. En parallèle, essayez d’imaginer un élément de votre récit sous une forme inattendue. Par exemple, vous sentez bien que votre héroïne manque de corps, et vous voudriez la faire passer en 3D. Prenez le parti d’écrire un article de presse sur elle. Quels sont les éléments principaux de son portrait ? Son histoire ? Ses failles ? Que dirait un journaliste sur ses récents exploits ? Est-ce qu’un lecteur de cet article trouverait votre héroïne inspirante ? ridicule ? agaçante ? admirable ? Vous pouvez utiliser ce procédé pour n’importe quel élément, du plus classique (un personnage) au plus absurde (une vitre cassée).

Déclinez ce genre de travail parallèle sous différentes formes : dessinez une scène, interviewez un protagoniste, imaginez un pitch de film autour de votre intrigue…


Si vous manquez de temps pour définir ce qui vous conviendrait parmi ces techniques, je propose des entretiens d’écriture à la carte, pour un véritable shot d’inspiration et de méthodologie, sans pression ni engagement !

6 - Posez-vous des questions

Comment réagirait votre héros s’il lui arrivait telle situation ?

À ce moment de l’histoire, que pourrait-il lui arriver de pire ?

Qu’est-ce qui, dans son enfance, expliquerait sa réaction d'adulte ?

Le village dans lequel vous placez votre intrigue, qu’a-t-il de particulier ?

Pourquoi les personnages ont-ils choisi de se retrouver dans ce lieu et pas un autre ?

Pourquoi ce personnage secondaire n’apparaît plus à partir de ce passage ?

Pourquoi avoir choisi de le faire s’endormir devant une télévision allumée plutôt que dans un hamac, dons son jardin ?


Voici un petit florilège de remarques que j’ai pu envoyer à mes client·es. Sans chercher à sur-intellectualiser chaque micro détail de votre texte, avoir le réflexe de se poser des questions qui sortent du cadre de l’histoire permet non seulement de remettre de l’eau à votre moulin en cours de route, mais aussi de mettre de l’intention dans votre récit. Loin de l’idée de diluer vos idées dans des tergiversations sans fin, un questionnement de ce genre peut vous aider à valoriser une symbolique trop rapidement évoquée, ou même rectifier un passage trop superficiel.


Le mot de la fin

"Il n'y a pas de bonne écriture, seulement une bonne réécriture."


Ce bon mot, que l’on voit d'ailleurs partout en ligne dès qu’il s’agit de parler du syndrome de la page blanche, est parlant. Au-delà du fait que l'on écrit rarement magnifiquement bien dès le premier jet, il faudrait sûrement se détacher de l’idée que les mots que l’on écrit seront ceux qui seront lus. Envisager l’écriture comme un brouillon perpétuel, à réécrire, à ajuster, et qui sera publié au moment où il fera le plus sens pour son ou sa créateur·ice : voilà qui nous permettrait peut-être de prendre un peu de recul et de légèreté face à l'angoisse de la page blanche ?


A.

*** J’offre un entretien d’écriture d'1 heure à celui ou celle qui commentera en premier sur mon post LinkedIn

le nom de l’auteur de la citation mentionnée dans cet article ***

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